Le Docteur Charles Catier, chirurgien spécialiste de la prothèse de genou à Rennes.

Prothèse du genou : un chi­rur­gien ortho­pé­diste ren­nais répond à vos questions

Le Docteur Charles Catier, chi­rur­gien ortho­pé­diste au sein de l’IRCOMS à Rennes, répond aux prin­ci­pales ques­tions que se posent les patients à qui une pro­thèse du genou est proposée.

Combien de temps ma pro­thèse du genou va-t-elle durer ? 

Il est admis qu’une pro­thèse à une « espé­rance de vie » d’une quin­zaine d’années. Certains para­mètres peuvent accé­lé­rer le pro­ces­sus d’usure comme l’obésité. Celle-ci reste d’ailleurs le prin­ci­pal enne­mi de leur lon­gé­vi­té. Cependant je revois régu­liè­re­ment en consul­ta­tion de contrôle à Cesson-Sévigné des pro­thèses totales de genou ou des pro­thèses uni­com­part­men­tales qui ont plus de 20 ans de recul.

Si on me pose une pro­thèse uni­com­part­men­tale, n’y a‑t-il pas un risque de devoir réin­ter­ve­nir plus tard pour une pro­thèse totale du genou ?

Non, ce n’est pas une évi­dence. Un rem­pla­ce­ment par une pro­thèse totale de genou dépen­dra de l’apparition ou non de signes cli­niques et radio­lo­giques d’arthrose sur les autres com­par­ti­ments du genou à long terme. En cas d’usure iso­lée du poly­éthy­lène (pièce en plas­tique entre les 2 sur­faces métal­liques qui rem­placent le car­ti­lage usé), il est pos­sible de chan­ger uni­que­ment cette pièce. Mais cela reste rare, j’ai le sou­ve­nir d’avoir repris un cas pour ça depuis que j’implante des pro­thèses de genou en Ille et Vilaine.
C’est seule­ment en cas de des­cel­le­ment des pièces métal­liques que j’envisage un chan­ge­ment par une pro­thèse totale de genou.

Quelles fonc­tion­na­li­tés vais-je retrou­ver, en fonc­tion de la pro­thèse de genou posée ?

Radiographie post-opératoire: contrôle radiologique de la PUC.
Radiographie post-opé­ra­toire : contrôle radio­lo­gique de la PUC avec une vue de face et de pro­fil. La pro­thèse sert de “cale” rem­pla­çant le car­ti­lage usé. (Dr Catier, Ircoms Rennes)

C’est un point cru­cial que j’évoque avec le patient avant l’intervention et qui par­ti­cipe au choix de la pro­thèse en plus des autres cri­tères radio­lo­giques et cli­niques. J’explique au patient qu’une pro­thèse totale de genou per­met de sou­la­ger les dou­leurs et de retrou­ver une auto­no­mie à la marche sur ter­rain plat et irré­gu­lier. Avec une pro­thèse totale de genou, il est moins fré­quent d’ « oublier » sa pro­thèse par rap­port à une pro­thèse uni­com­part­men­tale. C’est d’ailleurs pour cela que dans l’esprit des gens, il est plus dif­fi­cile de rete­nir l’indication d’une pose de pro­thèse totale de genou. Dans la lit­té­ra­ture, il est admis que 20% des patients sont déçus de leur pro­thèse totale de genou par défaut d’information avant la chi­rur­gie.
C’est moins le cas avec la majo­ri­té des Prothèses Unicompartimentales. Malheureusement, tout le monde ne peut pas en béné­fi­cier ! L’objectif là aus­si reste l’indolence à la marche avec un genou qui sera plus fonc­tion­nel avec sou­vent une flexion plus impor­tante, l’agenouillement est aus­si plus facile.

La pro­thèse du genou est-elle com­pa­tible avec la pra­tique spor­tive, et quels sports ?

Pour les pro­thèses totales de genou, l’objectif est de pou­voir reprendre une acti­vi­té dans l’axe et je répète redon­ner de l’autonomie au patient dont le sou­hait prin­ci­pal est de ne plus avoir mal lors de la marche ! la ran­don­née, le vélo, la nata­tion sont donc pos­sibles. J’ai en tête une kiné­si­thé­ra­peute à la retraite de Chantepie qui marche plus de 10 Km plu­sieurs fois par semaine et l’été elle va régu­liè­re­ment arpen­ter les che­mins de Compostelle.
Avec une pro­thèse uni­com­part­men­tale, on peut plus faci­le­ment pra­ti­quer des acti­vi­tés en pivot comme le ski, le golf, le ten­nis en plus du reste. La course à pied n’est pas recommandée.

Peut-on conti­nuer sa pro­fes­sion après la pose d’une pro­thèse de genou ?

Globalement les pro­fes­sions phy­siques avec beau­coup de pié­ti­ne­ment de marche, de port de charges lourdes par­fois sur des ter­rains instables seront plus dif­fi­ciles à reprendre. La plu­part des gens opé­rés sont à la retraite notam­ment pour les pro­thèses totales de genou mais ce n’est pas tou­jours le cas notam­ment dans le cas d’une arthrose post-trau­ma­tique qui peut sur­ve­nir tôt dans les suites d’un acci­dent de la voie publique. J’ai opé­ré il y a 2 mois un maçon de 58 ans de Noyal sur Vilaine d’une pro­thèse totale de genou et qui sou­hai­te­rait reprendre son acti­vi­té. Il fau­dra comp­ter dans ce cas entre 3 et 6 mois d’arrêt de tra­vail. La reprise dépend aus­si beau­coup de la moti­va­tion du patient et de son implication.

Vais-je devoir sur­veiller d’autres par­ties de ma vie après la pose (sur­poids, exer­cice, etc.) ?

Oui en effet, il fau­dra évi­ter toute prise poids impor­tante (ali­men­ta­tion, main­tien d’une acti­vi­té phy­sique régu­lière). Cette acti­vi­té est aus­si impor­tante pour entre­te­nir les ampli­tudes arti­cu­laires et le tonus mus­cu­laire. L’arrêt du tabac aus­si impor­tant dans la période péri-opé­ra­toire car il peut entrai­ner des troubles de cicatrisation.

Suis-je bien rem­bour­sé pour ma pro­thèse de genou ?

L’acte chi­rur­gi­cal pour la pose d’une pro­thèse coûte entre 450 et 650 euros. Ce coût est rem­bour­sé par la sécu­ri­té sociale. En tant que Chirurgien en sec­teur 2 non OPTAM, j’ai la pos­si­bi­li­té de deman­der un com­plé­ment d’honoraires qui varie de 300 à 600 euros. Cette par­tie peut, en fonc­tion du contrat, être pris en charge par la mutuelle.

En quoi le RAAC est-elle un plus, com­ment l’appliquez-vous ?

Déjà parce qu’elle per­met de faire un séjour plus court à la cli­nique ! Les patients ont moins l’impression d’être malade et sont moins expo­sés à une infec­tion noso­co­miale dans le cadre d’un retour pré­coce à domi­cile. Ils sont plus rapi­de­ment auto­no­mi­sés et par­ti­cipent d’eux même à leur récu­pé­ra­tion fonc­tion­nelle. L’implication du patient est capitale !

D’un point de vue pra­tique les patients sont vus avant l’intervention au moins 2 fois par le chi­rur­gien, une fois par l’anesthésiste. Toutes les ordon­nances, seront don­nées avant la chi­rur­gie. La prise de contact avec le kiné­si­thé­ra­peute avant l’intervention est elle aus­si pri­mor­diale.
Je les opère le jour même de leur entrée à la cli­nique. Il béné­fi­cie d’un bloc anal­gé­sique (anes­thé­sie loco-régio­nale) du membre opé­ré pen­dant 36 à 48 h. Un levé au bord du lit est fait en fin de journée. 

A J1, une ana­lyse de sang est faite. Le patient est déper­fu­sé en fonc­tion du résul­tat. Il marche dans la chambre avec ses béquilles et le kiné. Il mange assit au bord du lit. Une 2ème séance est pré­vue l’après-midi en sor­tant de la chambre.

A J2, le patient est auto­no­mi­sé. Il se lève et marche seul. Un bilan radio­lo­gique est fait dans la jour­née. Un point est fait sur la prise en charge de la dou­leur (infor­ma­tion sur la levée du bloc, relais par des anti-dou­leurs pris par la bouche). En fonc­tion du patient, la sor­tie est vali­dée à J2 si tous les voyants sont au vert ou à J3 si je décide que le patient est trop juste pour la sortie.

Le Docteur Charles Catier opère au sein de l’Institut Rennais de Chirurgie Orthopédique et de Médecine du Sport, dans le cadre de l’hôpital Privé Sévigné. Il est spé­cia­liste de l’appareil loco­mo­teur et titu­laire d’un DU d’arthoscopie.